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La machination Milonow: Déporter les sans-abri

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06.09.2013, 13:15
Le député russe Vitaly Milonow internationalement connu pour sa loi criminalisant les homosexuels, a décidé aujourd’hui de s’attaquer aux citoyens russes sans-papier, sans abri.

Selon le journal "Izvestia", dès la rentrée de la session parlementaire d'automne à Saint-Pétersbourg, Milonow membre du parti  Russie Unie de Vladimir Poutine va proposer à ses collègues son projet : créer, loin de toute agglomération, des camps de travail pour les sans-abri.

Une initiative qui rappelle l'action des autorités soviétiques qui, plusieurs années après la fin de la 2ème guerre mondiale, expulsèrent de Saint-Pétersbourg tous les estropiés du conflit qui entachaient de leur présence  les rues de la ville.

Pour Vitaly Milonow un homme ne doit pas dormir dans la rue, un sans-abri ne doit pas mourir de froid, des  enfants et des personnes âgées ne doivent pas être livrées à eux-mêmes. Milonow ajoute que de nombreuses personnes sans-abri sont porteuses de maladies dangereuses et peuvent en infecter d'autres.

La déportation des indésirables

Sa solution est simple pour ne pas dire simpliste, rouvrir d’anciens Kolkhozes abandonnés où des dortoirs seraient construits et les sans-abri déplacés en ces lieux. Milonow précise que ces camps seraient contrôlés par les spécialistes du ministère de la santé, ce qui permettrait aussi des vaccinations mensuelles.

A cette déportation Vitaly Milonow n’exclut pas une variable : « L'homme de la rue, doit avoir le choix : Si vous n’avez pas de logement, nous vous déplaçons dans la région de Vologda, (situé à plus de 400 kilomètres de Moscou aux portes du Grand Nord) où vous vivrez, où nous vous donnerons un emploi, une douche, un toit, etc. Si vous refusez, alors vous serez transféré dans des camps de travail » explique le député.
Pour le directeur de l’ONG russe  Nochlezhka, Grigory Sverdlin, le député Vitaly Milonow ne propose aucune solution quant aux raisons du sans-abrisme.

Grigory Sverdlin nous déclare : « Ces mesures radicales ne changeront pas la situation des sans-abri, simplement elles cacheront le problème. De plus, il n'y a aucun motif juridique pour forcer les gens à se déplacer. Les sans-papiers, sans-abri n'ont pas commis de crime. Leur seul «crime» est que l’Etat les prive de passeport intérieur et qu’en conséquence ils se retrouvent sans logement. »

« Je suis d'accord avec Milonow poursuit Grigory Sverdlin, un homme ne doit pas passer la nuit dans la rue. Mais ce problème ne peut être résolu avec les mesures que le député propose. Il est fondamental de travailler sur les raisons de pourquoi les gens deviennent sans-abri en Russie. »

4 millions et plus de sans-abri en Russie

Rappelons qu’en Russie les citoyens russes sans-papier, sans abri dépassent les 4 millions. À Saint-Pétersbourg on en dénombre des dizaines de milliers. Rappelons encore que le sans-abrisme russe est la manifestation de la grave crise touchant principalement le domaine des Droits Humains. En effet, en Russie, un citoyen peut être privé de tous ses droits. Il suffit pour cela qu’il n’ait pas sa Propiska dument tamponnée dans son passeport intérieur. La propiska est ce statut administratif que le citoyen russe acquiert lorsqu'il enregistre son lieu de résidence. Cette inscription est l'unique clé à une existence bureaucratique et aux droits qu'elle procure. Peu importe les raisons : si vous perdez votre  Propiska vous devenez un apatride dans votre propre pays et très vite un sans-abri.

Et contrairement à l'Europe, les sans-logis russes sont donc, en grande majorité, des victimes du système bureaucratique et seuls 10 % d'entre eux correspondent aux critères des S.D.F. rencontrés en Europe.

Face à ce fait reconnu, de très nombreux Russes, politiciens ou pas, se contentent  de nier le problème. La récente déclaration d’Igor Chernyshev, membre du Comité du Conseil de la Fédération sur la politique sociale, illustre fort bien cet état d’esprit: « Les sans-abri apprécient cette façon de vivre, ils sont à l'aise avec elle.»,.

Réminiscence du passé

Ilya Kostunov, autre député du parti ”Russie Unie” soutien cette initiative de camp de travail: « Une version pilote pour les sans-abri doit être mis en place afin de  tester l'idée. Des conditions sociales et économiques spéciales doivent être créées. Nous devons garantir aux sans-abri qu'ils auront des emplois s’ils ne boivent pas, ne violent pas les règles. »

Etonnant tout de même que dans ce contexte aucun politicien ou parti politique ne proposent de réformer cette loi de la Propiska datant de l’époque des Tsars. Une loi qui aujourd’hui, comme on l’a lu, provoque, en très grande partie, le problème du sans-abrisme en Russie.

Les visées Vitaly Milonow nous rappelle aussi l’époque de l’URSS où le concept de « parasites » traditionnellement appliqués aux mendiant et aux vagabond fut étendu progressivement à une frange plus large, celle des personnes considérées ”inutiles à la société”.  Elles aussi furent très souvent déportées dans des camps.

Aujourd’hui les sans-abris, demain les homosexuels et après-demain à qui le tour ?
Face à la machination Milonow, les ONG russes défendant les Droits Humains se sont massivement mobilisées. Elles espèrent que la population participera au débat et se dressera contre ce projet.


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