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Chagall à Zurich

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Des années 1911-1922, au Kunsthaus, jusqu'au 12 mai.

Il en va de Chagall comme de Picasso ou de Matisse. Dans la mesure où il s’agit d’un des artistes préférés du public, les expositions ne manquent pas. Elles tendent hélas à se suivre, et donc à se ressembler. Par sa différence, celle du Kunsthaus de Zurich, apporte enfin du nouveau. C’est à la fois autre chose et quelque chose de mieux.

Comment faire la différence? En reprenant quelques-unes des manifestations que la Suisse a déjà consacrées à l’artiste russe, mort presque centenaire en 1985. La plus importante d’entre elles a eu lieu à la Fondation Gianadda en 1991. Il s’agissait d’une révélation. Grâce au mécénat de Léonard Gianadda, les sept toiles subsistantes du décor exécuté en 1920 pour le Théâtre Juif (le plafond et le rideau de scène sont perdus) sortaient restaurées en Occident. Cet ensemble offre un véritable testament. De plus en plus brouillé avec le régime communiste, Chagall pensait alors déjà à revenir en France, via Berlin. Il partira deux ans plus tard.

En 2001, l’artiste faisait l’objet d’une rétrospective à la Villa Malpensata de Lugano. Un énorme succès populaire, en dépit d’un accrochage formé de bric et de broc. Pour en savoir plus, il a donc fallu attendre la seconde présentation de la Fondation Gianadda, en 2007. «Entre Ciel et Terre» réunissait un bel ensemble. Il reflétait le parcours pour le moins inégal du maître, qui a fini par beaucoup se répéter du côté de Saint-Paul-de-Vence.

L’idée semble en effet bien admise aujourd’hui. Il existe bien deux Chagall antagonistes, même si leur inspiration reste toujours la même. Ils partagent la vision fantastique d’un monde juif idéalisé, et donc doublement perdu. Jamais Vitebsk, la ville de Biélorussie où Chagall est né en 1887, n’a connu de vaches volantes, de personnages sans tête, d’ânes verts et de violonistes prêts à se retrouver sur les toits. Seulement voilà! Il en existe la version neuve, dure et forte, qui dure de 1909 à 1922, puis son affadissement progressif. Le Chagall qui triomphe en France et aux Etats-Unis dès les années 1920 a quelque chose de mou et de racoleur.

C’est donc avec raison que l’exposition du Kunsthaus, qui ira ensuite à la Tate Gallery de Liverpool, a décidé de s’arrêter en 1922, avec quelques toiles postérieures dans un corridor pour donner une idée de la suite. Réunir autant de chefs-d’œuvre de jeunesse semblait un exercice difficile. La commissaire Simonetta Fraquelli s’est attelée à la tâche. Elle est parvenue à faire venir des œuvres très importantes de New York, de Saint-Louis, d’Eindhoven, de Paris (où le Centre Pompidou conserve la dation Chagall, prélevée par L’Etat français en 1988) ou de Philadelphie.

Mais ce qui frappe le plus l’observateur (qui n’apprendra rien par le catalogue, presque muet sur les pièces exposées), c’est l’apport suisse. Le Kunstmusuem de Berne possède depuis fort longtemps le célèbre «Dédié à ma fiancée» de 1911. Celui de Bâle, qui avait déjà acquis un magnifique Chagall lors d’une vente pratiquée par les nazis à Lucerne en 1939, a pu acquérir en 1948 le vaste «Le marchand de bestiaux» de 1912. Il peut par ailleurs exposer, via la Fondation Im Oberteg, plusieurs œuvres capitales, dont seul l’«Autoportrait» de 1914 a accompli le voyage de Zurich. La Fondation Beyeler a annexé il y a quelques années «La chambre jaune» de 1911. Le Kunsthaus de Zurich détient enfin un important fonds Chagall, couvrant toute sa trajectoire. Seules quelques éléments figurent du coup ici, dont l’importante «Naissance» de 1910.

Et Genève? Notre ville resterait-elle en retrait? Pas tout à fait. Il est entré au Musée d’art et d’histoire «La mort» de Chagall avec la Fondation Prévost en 1989. Seulement voilà! Le tableau pose un problème non pas d’authenticité, mais de datation. La composition remonte à 1909. Elle existe à plusieurs exemplaires. Il est possible que celui de Genève date de 1923. Comme Giorgio de Chirico, Chagall avait en effet la mauvaise habitude de reprendre d’anciens tableaux à succès pour en donner des copies antidatées… Le tableau de Genève ne figure donc pas à Zurich.

«Chagall», Kunsthaus, 1, Heimplatz, Zurich, jusqu’au 12 mai. Fermé le lundi. Site www.kunsthaus.ch


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