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Alexej von Jawlensky à Berne

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Une amitié entre artistes est possible. Est-elle?

On n’en finit jamais avec Klee à Berne! Alors que le Kunstmuseum propose jusqu’au 1er avril le duo Paul Klee-Johannes Itten, qui remet face à face les deux professeurs suisses du Bauhaus, le Zentrum Paul Klee aligne deux autres expositions. Au rez-de-chaussée, sous la vague dessinée par l’architecte Renzo Piano, l’institution surfe (puisqu’il y a une vague!) avec «Klee et Jawlensky, une amitié d’artistes». «Du japonisme au zen» analyse en sous-sol les rapports du peintre avec l’Extrême-Orient.

On parle généralement peu des rapports que Klee a pu entretenir avec Alexej von Jawlensky, son aîné de quinze ans. Les deux hommes se sont rencontrés à Munich en 1912. C’étaient les belles années du «Blauer Reiter», mouvement pictural d’avant-garde. Le Russe et le Suisse (au passeport allemand) avaient sympathisé lors d’une exposition de groupe. Ils pratiqueront des échanges d’œuvres. Le premier d’entre eux se déroulera symboliquement en août 1914 à Fribourg.

Jawlensky passe la guerre à Saint-Prex, dans le canton de Vaud, avec sa compagne Marianne von Werefkin. Tous deux sont devenus «sujets ennemis» en Allemagne. Lily Klee, l’épouse de Paul, prend soin de leur appartement munichois. Les deux artistes se retrouvent après le conflit, même si c’est rarement. Parfois entretenue par Lily Klee, la correspondance supplée l’absence. Il y a de nouvelles distributions réciproques en 1920 et en 1925.

La montée du nazisme sépare les amis. Klee émigre dès que possible, en 1933. Jawlensky obtient la nationalité allemande en 1934, sous Hitler. Il faut dire qu’il est devenu apatride depuis la création de l’URSS. Les deux créateurs se revoient une dernière fois à Berne, en 1935. Ils pratiquent là leur dernier échange. Jawlensky meurt en 1941, quelques mois après Klee.

L’actuelle exposition raconte une relation en pointillé. Il y a aux cimaises quelques pièces données par l’un des peintres à l’autre. Cela ne suffisait pas à remplir la salle, vaste comme une halle de gymnastique. Cette dernière accueille donc d’autres œuvres, avant tout de Klee. Le rapport se révèle pour le moins inégal, comme toujours quand l’institution compose des duos. Il doit se situer à nonante pour-cent contre dix pour-cent.

Notons cependant que parmi les nombreux dépôts engendrés par ce véritable aspirateur à œuvres qu’est le Zentrum Paul Klee, il y a de nombreux Jawlensky. Ils vont des tout débuts de sa carrière, avec des œuvres très réalistes des années 1895-1899, jusqu’aux «têtes mystiques» interchangeables que le Russe multiplie après 1916. Ces prêts permanents, qui complètent les dons de Livia Klee, comprennent des toiles importantes. Citons une somptueuse «Princesse Turandot» de 1911.

Riche en œuvres, l’exposition souffre par ailleurs des défauts habituels de l’institution. Décor pauvre. Parcours incompréhensible. Lumière triste. La même chose vaut, en pire, pour «Du japonisme au zen», qui juxtapose des Klee et des œuvres asiatiques anciennes provenant pour l’essentiel du Museum für ostasiatische Kunst de Cologne. Un Musée où la manifestation est prévue par la suite. Il y a cependant là aussi de belles choses. Restez donc zen!

«Klee et Jawlensky, Une amitié d’artistes», Zentrum Paul Klee, 3, Monument in Fruchtland, Berne, jusqu’au 26 mai. Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 17h, site www.zpk.org


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