« Comment l’officier courageux, deux fois blessé au front, détaché dès 1916 à la Mission militaire en Russie, comment l’ancien major de l’École Normale Supérieure, agrégé de lettres, l’intellectuel catholique qui rêvait d’unir les Églises, a-t-il pu adhérer au bolchevisme et, bien pis, le servir ? »
C’est bien là tout le mystère de Pierre Pascal, que Jacques Catteau soulève dans sa préface au Journal. En 1918, l’« entrée en communisme » de Pascal provoque un scandale en France ; puis, peu à peu, on l’oublie, jusqu’à son retour à Paris en 1933. Homme discret, moraliste, rebelle à toute discipline politique, Pascal devient professeur à la Sorbonne et traducteur du russe. Il refuse de partager publiquement son expérience de l’URSS, et ce n’est qu’en 1975 que paraît le premier volume de ses carnets. Mon Journal de Russie recouvre la période de 1916 à 1927 et constitue un témoignage exceptionnel sur l’expérience soviétique, vécue de l’intérieur. Il prend vite la dimension d’un livre culte pour les historiens et tous ceux qui s’intéressent à la Russie.
Le Journal de Russie 1928-1929 est un document rare sur les premières années du stalinisme, qui s’attache à dénoncer le mensonge permanent du régime. Son édition a été préparée par Jacques Catteau, élève et ami de Pierre Pascal, avec la collaboration de Sophie Cœuré et Julie Bouvard.
Document exceptionnel pour comprendre l’Union soviétique, le Journal de Russie 1928-1929 aborde les thèmes de l’engagement politique et des rapports entre l’orthodoxie et le catholicisme ; il décrit la vie quotidienne à Moscou dans les années 1920. Témoignant des premières fissures dans la foi de Pierre Pascal en l’idéologie communiste, cette « chronique d’une Révolution dénaturée » livre un réquisitoire contre le pouvoir stalinien et ses dérives totalitaires.
Agrégé de lettres, Pierre Pascal arrive en Russie en 1916. Il y restera jusqu’en 1933, après avoir fait le choix, malgré sa foi chrétienne et la réprobation de la France, d’« entrer en communisme ». Beau-frère de Victor Serge, ami de Boris Souvarine, il devient collaborateur de l’Internationale communiste et du commissariat du peuple aux Affaires étrangères, ainsi que le traducteur de Lénine. À son retour en France, il s’affirme comme le maître des études slaves, traduisant les grandes œuvres de la littérature russe, veillant discrètement à la publication de Pasternak et Soljenitsyne, et s’engageant dans un demi-siècle de combats antitotalitaires, jusqu’à sa mort en 1983.