En 1991, Mariusz Wilk s’est retiré sur les îles Solovki, archipel isolé de la mer Blanche, véritable microcosme des dépouilles de l’Empire soviétique. De là, il observe et tente d’expliquer le quotidien de la vaste Russie, ses contradictions, sa misère et ses grandeurs. À Solovki, se reflète l’histoire tumultueuse et complexe de la Russie. L’île abrite en effet depuis des siècles un monastère important de l’Église orthodoxe, mais aussi les restes du SLON, premier camp de travail forcé d’Union soviétique, véritable laboratoire du goulag établi au lendemain de la révolution de 1917. Pendant les six ans de son séjour, Wilk a connu chacun des mille habitants de Solovki, évoqué leurs destins broyés, pittoresques ou cocasses, affronté avec eux un environnement hostile, mais aussi partagé leur fascination pour l’étrange beauté des paysages du Grand Nord. Wilk nous offre là un document d’une rare valeur, une véritable mine de renseignements. S’il s’inscrit dans la lignée des écrivains-reporters célèbres en Pologne tels que Kapuscinski ou Krall, son regard original à la fois décalé, fasciné et complice fera date dans le genre particulier du reportage littéraire.
Mariusz Wilk, né en 1955 à Wrocław, a été actif dans l’opposition entre 1977 et 1981 et emprisonné pour son engagement dans Solidarité. Journaliste, il publie en 1984, en samizdat, un livre-phare Konspira, Solidarité clandestine. Au début des années quatre-vingt-dix, Wilk part pour Moscou comme correspondant du Quotidien de Gdańsk. Il traverse les pays Baltes et l’Ukraine, le Kazakhstan et la Sibérie. Après un an de pérégrinations, il se fixe sur les iles Solovki. C’est de là-bas qu’il commence à envoyer des chroniques régulières à la revue polonaise de Paris, Kultura, qui composeront Le Journal d’un loup. Il est l’auteur d’un Journal du Nord dont les différents volumes ont paru aux Éditions Noir sur Blanc : La Maison au bord de l’Oniégo (2006), Dans les pas du renne (2009), Portage (2010) et Dans le sillage des oies sauvages (2013).